Le président Andry Rajoelina a signé un décret dissolvant l’Assemblée nationale, un tournant majeur dans la crise que traverse Madagascar. Cette décision survient après des semaines de manifestations, de mutineries militaires et de tensions graves dans le pays.
Un climat de colère populaire
Tout a commencé vers le 25 septembre 2025, à Antananarivo et dans d’autres villes, lorsque des jeunes, souvent regroupés dans le mouvement « Gen Z Madagascar », sont descendus dans la rue pour dénoncer les coupures fréquentes d’eau et d’électricité affectant la vie quotidienne.
Peu à peu, les revendications économiques se sont mêlées à des accusations de corruption, d’inégalités criantes et d’un fossé grandissant entre les dirigeants et la population.
Les protestations, parfois réprimées avec gaz lacrymogène, balles en caoutchouc et affrontements avec les forces de l’ordre, ont fait plusieurs dizaines de morts (plus de 20 selon les Nations unies) et de nombreux blessés.
Réactions gouvernementales : dissolutions, promesses, mais pas assez
Face à l’intensification des manifestations, le président Rajoelina a d’abord limogé le ministre de l’Énergie et de l’Hydrocarbure, jugé responsable des pannes.
Une tentative de dialogue national a été annoncée, avec l’implication de la société civile, des partis politiques et des représentants de la jeunesse, mais beaucoup considèrent ces mesures comme tardives ou insuffisantes.
Le rôle crucial des forces armées
Un tournant est survenu début octobre : l’unité CAPSAT, une unité d’élite de l’armée historiquement proche du président, a refusé d’exécuter certains ordres, s’est rapprochée des manifestants et a participé à la mise en place d’un nouveau chef d’état-major militaire.
Cette mutinerie militaire, combinée à la contestation populaire, a mis le Président dans une situation très précaire. Rajoelina, évoquant une tentative de coup d’État, a dit avoir trouvé refuge dans un lieu sûr pour protéger sa vie.
La dissolution de l’Assemblée : pourquoi maintenant ?
Le décret du 14 octobre 2025 dissout l’Assemblée nationale, conformément à l’article 60 de la Constitution. L’urgence était invoquée : la décision prend effet immédiatement après diffusion radiophonique ou télévisée, sans attendre la publication au Journal Officiel.