Depuis tôt ce matin, les journalistes et les photographes s’étaient réunis devant le tribunal de Pamplemousses afin de couvrir la comparution de l’ex-ministre de l’Égalité des genres, Kalpana Devi Koonjoo-Shah. Étant donné qu’elle avait déjà fourni sa version des faits vendredi dernier et qu’elle avait également décliné de participer à une reconstitution, il n’y avait, par conséquent, aucune raison de la voir en cour dans l’après-midi. Du moins, c’est ce que nous pensions.
Alors que nous l’attendions arriver par le portail principal, comme c’est la coutume pour tout Mauricien inculpé provisoirement pour un cas de vol, la police aurait fait usage de l’entrée secondaire menant également à la cour. Ce second portail est réservé aux employés de la cour et est aussi utilisé pour le transport des prisonniers qui arrivent dans les “black maria”. Dans le passé, cet accès a aussi été utilisé pour des cas sensibles où il existait un risque réel que la personne répondant d’une accusation provisoire se fasse attaquer en passant par l’entrée principale, là où se trouve le public. Dans ce cas de figure, l’usage du second portail est justifié, semble-t-il.
Or, dans le cas de l’ex-ministre, une banale affaire de vol n’a rien de sensible. Plusieurs cas de ce type sont traités quotidiennement devant la justice, et bien souvent, ils impliquent des préjudices financiers bien plus importants que Rs 2 140. Dans le jargon mauricien, on aurait pu appeler ça : “bann cas cuit-vide”.
Après une attente interminable, nous apprenons qu’elle serait déjà arrivée. Nous nous dirigeons alors vers un couloir menant à une zone restreinte et, croyez-le ou non, l’ex-ministre se tient dans un petit coin, à l’écart des yeux du public et de la presse. Le policier en charge de l’escorter pour sa comparution demande aux journalistes de ne pas s’approcher : “Pas approche zot sa quantité-là… nou pe fer nou travay, fer zot travay.”
Jusqu’ici, nous notons un 10/10 en matière de communication. Mais tout cela va vite changer. Il est visiblement gêné par les caméras. À peine sa phrase terminée, il demande à l’ex-ministre de se diriger vers une salle d’audience située au premier étage. Quand les journalistes, munis de leurs cartes de presse en bonne et due forme, tentent d’entrer, il leur refuse l’accès. Notons que personne ne portait de caméra ni d’appareil photo.
Nous lui demandons alors d’expliquer la raison de cette restriction, ainsi que de préciser sa fonction, car à ce moment précis nous doutions qu’il soit réellement policier ou un employé de la cour. Il ne répondra à aucune de nos questions. L’accès sera catégoriquement refusé, aussi bien aux journalistes du privé qu’à ceux de la MBC. L’affaire sera finalement entendue devant une magistrate siégeant au rez-de-chaussée.
L’homme fait alors usage d’une autre sortie afin d’éviter que l’ex-ministre ne se montre à la presse une fois de plus. Tentative ratée, car une seconde partie des journalistes et des reporters se trouvait justement au rez-de-chaussée.
Il y a eu visiblement une confusion dans son âme et conscience : il a, pour un bref moment, confondu son rôle avec celui de la VIPSU. Une faute tout à fait pardonnable…